(Paris 1700 - Paris 22.08.1782)
ELEMENS
DE L'ARCHITECTURE NAVALE, ou traité pratique de la construction
des vaisseaux. Paris Ch.-A. Jombert, 1752, in-4°, veau, dos à 5 nerfs, orné,
pièce de titre rouge, tranches rouges. Reliure de l'époque.
2 ff.n.ch. (Titre; Dédicace à l'Académie de Marine), LV pp. (Prèface et fautes à corriger), 420 pp., 2 ff.n.ch. (Extrait du regitre de l'Académie Royale des Sciences et Privilège du Roi), 1 frontispice et 24 planches numérotées l à XXIV sur 23 planches dépliantes hors texte (les planches VIII et IX sont sur le même feuillet) plus une planche dépliante en page 318, portant la légende « Marine », signée par le graveur « BENARD ». Il s'agit de la planche 142 (page 159) de l'Encyclopédie Méthodique Marine. 27 pp. de tables (« Noms des pièces et leur echantillon ») numérotées i à xxvii sur 14 ff. sont intercalées entre les pages 132 et 133.
Le
frontispice (gravé par CHEDEL), la vignette de la page de titre, la vignette de
la page de dédicace à l'Académie de Marine, les 9 vignettes d'en-tête de
chapitres sont signées N. OZANNE. Les 24 planches, non signées, sont également
de Nicolas Ozanne.
Ex-libris manuscrit au dos du frontispice, daté du 9 décembre 1829.
- Edition originale.
- Autre édition:
Paris, CH.A. Jombert, 1758, in-4°, XLIV-484 pp., frontispice et 24 planches (voir description détaillée à l'ouvrage suivant).
Grenoble, Editions des 4 Seigneurs, 1970 in-4° (reprint de l'édition de 1758).
Nice, Editions Ancre, Hubert Berti, 1994, in-4° (reprint de l'édition de 1758)
NOTA: Cet ouvrage a été traduit et publié:
En hollandais en 1757, 1759, 1791 et 1793.
En allemand en 1791 et 1792.
Il n'a pas été traduit intégralement en anglais, mais Mungo MURRAY en a publié des passages dans son « Naval Architecture » de 1754 , in-4° , 5 planches dépliantes gravées, puis dans son livre ayant pour titre: « A treatise on ship-building and navigation in three parts, where in the theory, practice, and application of all the necessary instruments are perspicuously handled. To which is added by way of appendix, an English abridgement of another treatise on naval architecture, lately published at Paris by M. Duhamel, Mem. of the R. Acad. of Sciences, Fellow of the Royal Society of London, and surveyor General of the French Marine... To which is now added a supplement, containing a translation of what M. Bouguer, another French author has written on that subject: and M. Duhamel's method of finding the centre of gravit y, with some remarks by the author. The whole illustrated with twenty-three copper-plates »., London, A. Millar, 1765, in-4°, (12), 3-344, (2), 70, (6), (IV), 116, (2) pp., Avertissement et 23 planches.
(Réf: Jean Polak: « Bibliographie maritime française », Grenoble, 1976, in-4°; David H. Roberts: « 18th century shipbuilding », Rotherfield, 1992, in-4°; Catalogue Sotheby's « Pilot » du 28.07.94, n° 437).
Référence Polak: 2859
Des 6 ouvrages de Duhamel du Monceau touchant plus particulièrement la marine, les « Elemens de l' Architecture Navale » Sont un des plus caractéristiques. Il fut conçu avec la modestie qui fut celle de la vie et de l'action de l'auteur. Cet ouvrage est dédié à l'Académie de Marine qui fut établie officiellement par règlement du 30 juillet 1752, année de la publication de cet ouvrage. Duhamel du Monceau n'assista pas à la séance d'inauguration du 21 avril 1752 de cette Académie dont il était pourtant l'un des dix membres honoraires de la première heure, mais à cette cérémonie, y fut lu sa lettre par laquelle il soumettait à l'agrément de la Compagnie les « Elemens de l' Architecture Navale ». Bouguer et La Galissonière furent les commissaires désignés pour l'examen de l' ouvrage et l'auteur n'attendit pas longtemps leur rapport approuvant ce « Traité pratique, où l'auteur s'était mis, avec la simplicité d'un grand savant, à la porté des plus humbles intelligences ».
Dans sa préface, Duhamel du Monceau débute par une reconnaissance du « talent si élégant et si complet de MM. Bouguer et Euler », tandis que lui, s'excuse humblement du caractère exclusivement pratique et élémentaire de ce livre destiné à l' instruction des jeunes gens à qui un ouvrage de ce genre manquait entièrement. Disons qu'il manquait à tout le monde, au point qu'il fut bientôt traduit en Angleterre.
C'est le premier ouvrage français véritablement complet traitant de l'architecture navale et fait exceptionnel, l'auteur rend son travail accessible à tous.
Jusqu'à la création à Paris, en 1740, d'une Ecole destinée à fournir les futurs constructeurs royaux et dont Duhamel du Monceau en fut l'instigateur, « l’Art des constructeurs », jalousement préservé avec des pseudo secrets, responsables d'un fâcheux conservatisme, devint une connaissance ouverte à tous. A l'école des Ingénieurs-Constructeurs de Paris, crée en 1765 et qui remplaçait celle de 1740 qui avait cessé de fonctionner en 1748, cet ouvrage de Duhamel du Monceau devint la base de l'enseignement qui y était professé.
Après l'ouvrage de Bouguer publié en 1746 (« Traité du Navire. . . » -voir ce livre -), celui de Duhamel du Monceau ouvrit la voie à la construction navale basée sur des méthodes mathématiques sûres.
Ce livre comporte trois parties principales:
« Donner aux vaisseaux la figure extérieure qui leur convient pour le service auquel on les destine.
Donner à toutes les pièces d'un vaisseau la figure qu'elles doivent avoir, les assembler et leur former des liaisons, de façon qu'elles composent toutes, par leur réunion, un bâtiment solide et capable de répondre au service qu'on en attend.
Disposer tellement les emménagements que tout ce qu'un vaisseau doit contenir soit logé convenablement et commodément, officiers, équipages, agrès, marchandises, munitions de guerre et de bouche, etc. »
(Réf: R.Ch.Duval dans la préface de la réimpression de ce livre, Grenoble, 1970, in-4°; Abbé Anthiaume, « Le navire, sa construction en France et principalement chez les Normands », Paris, 1922, in-8°).
Henri-Louis Duhamel du Monceau est né à Paris en 1700, d'une famille d'origine hollandaise, venue s'installer en France vers 1400 dans la suite du duc de Bourgogne. De ses études au collège d'Harcourt, il ne retint qu'un intérêt pour la physique et les sciences naturelles. Étant propriétaire terrien en Gâtinais et dans une aisance financière certaine, il put à loisir se consacrer à ses deux premières passions: la botanique et l'agronomie. Lié avec les principaux savants de son époque, il fut reçu dès 1728 à l'Académie des Sciences et lui a fourni plus de soixante mémoires relatifs à l'agriculture, au commerce, à la marine et aux arts mécaniques. Esprit encyclopédique, il fut attaché à la marine par Maurepas qui fit créer pour lui un poste d'inspecteur général de la marine pour le Ponant et le Levant. Il visita les forêts, les ports et les arsenaux, perfectionnant les anciens procédés ou en mettant en pratique de nouveaux pour améliorer les techniques de la construction navale. Il créa en 1741 à Paris une première ébauche de ce qui deviendra en mars 1765 l'École du Génie maritime dont il sera directeur jusqu'à sa mort et pour laquelle il écrivit ses « Éléments d'architecture navale » (1752) et d'où sortirent les ingénieurs qui donnèrent à la construction navale française du XVIIIe siècle sa perfection et sa renommée internationale. Membre fondateur de l'Académie de marine, il consacra toute sa vie à l'étude et a laissé une oeuvre énorme. Trois fois directeur de l'Académie des Sciences en 1743, 1756 et 1768, Duhamel conçut le premier le projet d'une encyclopédie générale des connaissances humaines.
(Réf: Etienne Taillemite, « Dictionnaire des Marins français », Paris, 1982, in-4°; P. Levot et A. Doneaud, « Les gloires maritimes de la France », Paris, 1866, in-8°).