(Brest 12.01.1728 - Paris 03.01.1811)
MARINE MILITAIRE ou recueil des differens Vaisseaux qui servent à
la guerre Suivis des Manoeuvres qui ont le plus de rapport au combat ainsi qu'à
l'ataque et la defense des Ports. A Paris, Chez l'auteur, rue S. Thomas du
Louvre la 4e porte cochère à gauche en entrant par la rue S. Honoré;
Chez J. François Chereau rue S. Jacques aux 2 Piliers d'Or. S.d. (1762), in-4°,
demi maroquin bleu marine à coins, papier marbré sur les plats encadré d'un
filet doré, dos à 5 nerfs avec titre, tranche supérieure dorée. Reliure moderne
signée "ALIX".
51 ff.n.ch. dont le détail est le suivant: Titre (pl. 1), frontispice dédicacé au Comte de Choiseul, avertissement (pl. 2), Table des sujets contenus dans ce livre (pl. 3) et 47 planches. La planche numérotée 50 est dépliante.
- Edition originale.
- Autre édition:
Grenoble, Editions des 4 Signeurs, 1969, grand in-8°. Reprint de l'édition originale avec, sur la page de titre, une adresse différente: « A Paris, chez Chereau rue des Mathurins aux 2 Piliers d'Or ».
Référence Polak: 7234
L'un des premiers et des plus techniques ouvrage qu'ai produit Nicolas Ozanne. Les planches de ce recueil, composé pour l'instruction des gardes de la marine, représentent les vaisseaux de guerre et les manoeuvres relatives aux combats, ainsi qu'à l'attaque et à la défense des ports, et chaque planche gravée est suivie d'un texte explicatif également gravé. Vingt-cinq plans d'attaque ou de défense représentant schématiquement la disposition et les lignes du combat. Le texte gravé occupe généralement le centre de la page entre la vignette et le plan schématique. Les vingt premières vignettes se proposant la description technique des types de navires et des manoeuvres en usage à l'époque, sont couvertes de lettres qui renvoient le lecteur au bas de la page pour l'explication des termes. Les planches suivantes, plus nombreuses du reste, nous donnent: l'ordre de bataille, le combat à l'abordage, l'armée coupant la ligne ennemie, l'ordre de retraite, la chasse, éviter le combat, le forcement d'un passage, le bombardement d'un port. La dernière planche qui est double donne l'explication des termes de marine.
(Réf: Dr Charles Auffret, « Les Ozanne » , Rennes, 1891, in-4°).
Nicolas Ozanne est né d'une famille qui, à partir du dix-septième siècle, a eu le privilège de fournir une série d'artistes distingués. Il fut placé, à l'âge de 10 ans, chez M. Roblin, professeur de dessin de la marine, à Brest, et fit de si rapides progrès, que, quatre ans plus tard, il fut adjoint à son maître pour le seconder dans ses leçons. Resté, en 1744, par la mort de son père, le seul soutien de sa famille, il apprit la gravure à son frère Pierre et à ses deux soeurs cadettes Jeanne-François et Marie-Jeanne, et les travaux qu'il leur fit exécuter, d'après ses dessins, ont produit un grand nombre de cahiers dont cinq furent publiés de 1749 à 1754 sous le titre de « Principales manoeuvres des navires ». Nommé, en 1750, professeur titulaire des Gardes du Pavillon, après la mort de son maître, Nicolas fut appelé, l'année suivante, à Paris pour y dessiner les vaisseaux figurant dans les vues du Havre faites à l'occasion du voyage de Louis XV dans ce port. A son retour à Brest, il fut nommé membre de l'Académie de marine, l'année même de sa fondation (1752). Il avait alors 24 ans. En 1754, il revint à Paris pour y perfectionner ses études sous la direction des peintres Natoire et Boucher, et du graveur Ingram. En 1755, il fut chargé par le ministre Rouillé de dessiner les principaux événements de la campagne dirigée par La Gallissonière contre Minorque. Récompensé de ses travaux par le brevet de dessinateur du Dépôt général des cartes et plans de la marine à Versailles, il fut en outre chargé de construire les chaloupes et gondoles du bassin de Versailles, en vue de donner des notions de marine au duc de Bourgogne, frère aîné du futur Louis XVI. La mort prématurée du jeune prince ayant eu pour résultat d'interrompre ces leçons, Nicolas, qui avait dédié à Choiseul son « Traité de la marine militaire » composé pour l'instruction des Gardes de la Marine, fut attaché, en 1762, au bureau des ingénieurs hydrographes de la guerre, emploi qu'il cumula avec celui de dessinateur du Dépôt de la marine. En 1766, M. de Courtanvaux, voulant expérimenter à ses frais les premières horloges marines de Pierre Leroy, chargea Ozanne de construire au Havre, sur ses propres plans, la corvette « l'Aurore », destinée à cette expédition. Celui-ci, voulant juger par lui-même des qualités de sa corvette, s'y embarqua avec Leroy et les commissaires de l'Académie. « L'Aurore » mit à la voile, en mai 1767, et parcourut les côtes de la Manche, et des Pays Bas, admirée partout, non seulement pour sa vitesse dans les marches ou les évolutions, mais encore pour sa douceur de ses mouvements. Aussi, les Etats de Hollande firent-ils à Ozanne les offres les plus séduisantes pour se l'attacher; mais, inaccessible à l'intérêt, Nicolas revint en France pour s'occuper de l'éducation nautique du Dauphin (futur Louis XVI) et de ses deux plus jeunes frères. C'est dans ce but qu'il fit les dessins explicatifs des combats racontés par Bigot de Morogues, enseignement précieux auquel la guerre de 1778 fournit plus tard de nombreux et intéressants sujets de démonstration. Sa retraite, qu'il obtint après 47 ans de service, ne fut pas oisive; car on connaît près de 300 planches à l'eau-forte de la main de ce maître.