SULLY (Henry)
(1680 -
1728)
DESCRIPTION ABREGEE d'une Horloge d'une nouvelle invention, Pour
la juste mesure du Temps sur Mer. Avec Le Jugement de l'Academie Royale des
Sciences sur cette Invention. Et une dissertation sur la nature des tentatives
pour la Découverte des Longitudes dans la Navigation, & sur l'usage des
Horloges, pour la mesure du Tems en Mer. Par Henry Sully, Horloger de S.A.S.
Monseigneur le Duc d'Orléans. A Paris, Chez Briasson, ruë Saint Jacques, à la
Science.
1726, in-4°,
veau, triple filet à froid encadrant les plats, dos à
5 nerfs, orné, pièce de titre
rouge, tranches mouchetées. Reliure de l'époque.
10 ff.n.ch. (Titre;
« Avertissement de l'Auteur au Lecteur »; « Avis »; « Approbation »; « Privilege
du Roy »; Epître dédicatoire « Au Roy »; « Table des matieres »),
48 pp. (pour la « Description
abregée d'un Horloge d'une nouvelle invention, Pour la juste mesure du Temps sur
Mer. Examiné & approuvé par l'Académie Royale des Sciences à Paris, au mois de
Mars
1724. »),
4 ff.n.ch. (Page de titre
séparé: « Suite de la description abregée d'une Horloge d'une nouvelle
invention, Pour la juste mesure du tems sur Mer. Par Henry Sully. A Bordeaux,
Chez Raymond la Bottiere, Place du Palais. A Paris. Chez Briasson et Claude
Jombert, Ruë S. Jacques. A Amsterdam, Chez J. Frederic Bernard.
1726. »; « Avertissement »),
pp.
49 à
290,
1 f.n.ch. (« Errata »; « Avis
au Relieur ») et
3 planches gravées sur cuivre
dépliantes hors texte.
Précieux exemplaire ayant appartenu successivement à
Ferdinand Berthoud, Antide Janvier, Louis Moinet et Jos Thadaeus Winnerl comme
l'indiquent les inscriptions manuscrites à l'encre de
5 écritures différentes au
verso de la seconde page de garde:
« Pr. Aoust
1765
de Mr Guernix
de la Tour
olim ex Libr.
Celeberimi ferdinandi Berthoud, Defuncti.
Postea ex
libris Antidii Janvier, cum notis aliq.
Denique ex
libris Lud. Moinet
le
1 juillet
1853 Winnerl ».
Les initiales de Ferdinand Berthoud se trouvent sur la
page de titre.
Vignette ex-libris gravée par F. SEVRIN de R. Panicali au
dos du premier plat.
Cachet ex-libris à l'encre « R.P. » au recto de la
seconde page de garde.
Nombreuses annotations manuscrites, au crayon et à
l'encre dans les marges du texte. La plupart d'entre elles sont de la main de
Janvier, quelques unes sont de Berthoud dont une, page
255, qui fait allusion aux
querelles qui l'opposa publiquement à Pierre Le Roy dont il mentionne le nom.
La première planche: « Nouvelle Pendule à Levier
approuvée par l'Académie Royale des Sciences
1724 » est signée « BORDE
scripsit » avec la mention: « A Paris Gravée par de ROCHEFORT graveur et
désignateur du Roy pour l'Academie Royale des Sciences.
1725 ». La seconde planche,
sans titre, est signée « de Rochefort fecit ». La troisième planche, sans titre,
est signée « de Rochefort delin.
1726 ».
Cet exemplaire est cité dans le « Traité d'horlogerie »
de Moinet à la page
504 au sujet d'une note
manuscrite de la page
267 de cet ouvrage.
Comme précisé dans la table des matières au début de
l'ouvrage, la première partie (pp.
1 à
48) a été imprimée à Paris en
janvier
1726 alors que la seconde
partie (4 ff.n.ch., pp.
49 à
290 et
1 f.n.ch.) a
été imprimée à Bordeaux en décembre
1726.
- Edition originale.
- Autre édition:
-
A Paris, Chez Gregoire Dupuis, ruë Saint Jacques, à la
Couronne d'Or.
1728, in-4°,
XII-88-(4)
pp. et
3 planches dépliantes h.t.
Avec le titre: « Description abregée d'une horloge d'une nouvelle invention,
pour l'usage de la navigation. Avec le jugement de l'Académie Royale des
Sciences sur cette Invention. Une dissertation sur les longitudes. Et la suite
des experiences faites sur cette Horloge, par rapport aux effets des mouvemens
du Vaisseau; les Remarques de plusieurs Savans sur cet Ouvrage, & le
témoignage de l'Académie des Sciences de Bordeaux sur les Experiences faites
dans ce Port. Avec Figures. Dédiée au Roy. Par Monsieur Sully ». Il s'agit des
signatures aiir-aiiir et A1-F4
de l'édition de
1726 rééditées avec une
nouvelle page de titre, la dédicace Au Roy réimprimée, et un nouveau
supplément (pp.
49-88).
Sully lui-même explique les circonstances de sa parution. La « Suite... » de
sa « Description abrégée... » n'a été éditée qu'à
300 exemplaires. « Ces
exemplaires etant presque tous déjà distribuez..., avant même que les Journaux
en ayent pû donner l'Extrait, j'ai crû que les personnes curieuses sur ces
matieres, ne me scauroient pas mauvais gré de l'Extrait que j'ai l'honneur de
leur presenter moi-même ici » (pp.
50-51).
Le volume se termine par une table générale. (Polak:
8957).
(Réf: Jean et Michèle Polak: « Bibliographie maritime
française », Grenoble,
1976, in-4°
et supplément, Grenoble,
1983, in-4°;
catalogue de vente publique de la bibliothèque horlogère de Monsieur R.P. à
Drouot les
14 et
15 juin
1994, n°:
468).
Référence Polak :
8956
-
"Lettre de l'Auteur à un Membre de la Société Royale" (pp.
1 à
11). Le titre de
cette partie fait suite, sur la même page, au titre général: "Description
abrégée d'une horloge d'une nouvelle invention, Pour la juste mesure du Temps
sur Mer. Examiné & approuvé par l'Académie Royale des Sciences à Paris, au
mois de Mars
1724". Elle est
signée Sully et datée "De Versailles, le
29 juin
1724". L'auteur
explique les principes de son horloge et les matières auxquelles il s'est
particulièrement attaché pour en diminuer les imperfections. Il explique
notamment son invention pour diminuer les frottements du pivot de son horloge
en utilisant des rouleaux (p.
9). Il décrit
également la première planche.
-
"Extrait des Registres de l'Académie Royale des Sciences.
Du
11. Mars
1724", signé
"Fontenelle, Secrétaire perpetuel de l'Académie Royale des Sciences" (pp.
12 et
13). En janvier et
mars
1724, Saurin,
Cassini, de Reaumur et de Mairan, de l'Académie des Sciences, avaient testé
l'horloge de Sully dans une berline qui allait au trot sur un chemin pavé afin
de connaître ses réactions aux secousses du véhicule. L'expérience fut
concluante: en
1 heure
30 d'essais,
l'horloge n'avait retardée que d'une seconde. L'Académie estime que l'horloge
mériterait une épreuve en mer.
-
"Remarques Sur l'Extrait de l'Académie", daté "A Versaille,
ce
22 Mars
1724" (pp.
14 à
18). Sully se
flatte du jugement de l'Académie des Sciences (texte précédent) et exprime son
impatience à faire un essai de son horloge en mer.
-
"Dissertation sur la nature des tentatives pour la
découverte de la Longitude sur Mer, des récompenses qu'on a attaché à cette
découverte, & sur les usages des Pendules de Mer; ce qui doit servir de
Préface à la Description generale de cette Invention, que l'Auteur prépare
pour l'Impression. Par H. Sully". (pp.
19 à
43). Sully se
félicite de l'existence (en Angleterre et en Hollande) de prix pour encourager
la recherche sur les longitudes en mer et fait l'éloge de son horloge pour
améliorer les connaissances sur ce sujet. L'auteur donne ensuite une étude sur
les longitudes (planche
2) et explique
comment on peut calculer la longitude avec l'heure.
-
"Avis" et "Avis aux Relieurs". (p.
44). Sully se
déclare prêt à répondre à toutes les "Personnes qualifiées à cet effet" qui
voudront bien lui demander des éclaircissements sur son invention puis annonce
la publication anglaise très prochaine de son "Abregé".
-
"Mémoire presenté par l'Auteur à Monseigneur le Comte de
Maurepas, Ministre & Secretaire d'Etat & des Commandements de Sa Majesté,
ayant le Département de la Marine; au mois de Decembre
1724". (pp.
45 à
48). Sully expose
son plan pour l'essai de son horloge en mer que le ministre a bien voulu
approuver. L'auteur prévoit d'embarquer pour une expérience de quelques jours
en mer, une pendule à levier et une montre marine (planche
3) dont on étudiera
les variations et les réactions aux mouvements du navire, soit entre deux
ports de longitudes connues, soit en revenant au port de départ.
-
"Errata" (p.
48).
La seconde
partie de l'ouvrage (pp.
49 à
290), dont
l'avertissement est daté: "A Bordeaux ce
31 Decembre
1726", comprend
les pièces suivantes:
-
"Description d'une horloge de nouvelle invention, Pour
mesurer le Temps en Mer. Premier Memoire lû par l'Auteur devant l'Academie
Royale des Sciences, à Paris, le
17. Avril
1723" (pp.
49 à
62). Sully décrit
à nouveau son horloge devant les membres de l'Académie des Sciences.
-
"Second Memoire. Lû à l'Academie Royale des Sciences de
Paris, le
8. Janvier
1724" (pp.
63 à
74). C'est un
complément au précédent mémoire. En outre, l'auteur soumet son livre au
jugement de l'assemblée.
-
"Premiere Lettre de Monsieur Graham, Horloger, de la
Societé Royale, écrite de Londres à l'Auteur, en réponse de celle qui contient
la description abregée. Du
21 juillet (Vieux
stile)
1724", signée: "Geo:
Graham" (pp.
74 à
77). Il s'agit de
la réponse de Graham à la "Lettre de l'Auteur..." du
29 juin
1724 (première
pièce de la première partie de l'ouvrage). Quoique Graham critique avec
ménagement l'horloge de Sully, il n'en a pas moins senti judicieusement et
remarqué ses principaux défauts pour son utilisation en mer.
-
"Reponse à la lettre de Monsieur Graham De Versailles, le
29. Août
1724", signée:
"Sully" (pp.
78 à
86). Sully répond
point par point à la lettre précédente de Graham, donne des renseignements
supplémentaires sur certains détails de son horloge et reconnaît de façon
objective les défauts de fonctionnement qu'il a observé.
-
"Seconde lettre de Monsieur Graham.", signée: "G. Graham.
Londres Oct.
12.
1724" (pp.
87 à
89). Graham se
félicite du plein accord de son correspondant concernant le fonctionnement
théorique de l'horloge de Sully. Il reconnaît qu'ayant lui-même jamais été en
mer, il lui est difficile de préjuger du comportement de cette invention sur
un navire mais souhaite vivement qu'une telle épreuve puisse avoir lieu.
-
"Reponse A la seconde Lettre de Mr. Graham. A Versailles le
21. Oct. v.st.
1724" (pp.
90 et
91). Sully annonce
à Graham son intention de lui envoyer une description complète de son horloge
avec les résultats de ses expériences ainsi que la traduction anglaise de ses
deux mémoires lus à l'Académie des Sciences (voir ci dessus) afin d'obtenir le
jugement de la Société Royale de Londres sur son invention.
-
"Quatrième Lettre de l'Auteur à Monsieur Graham. De Paris
le
5. Novembre
1725", signée:
"Sully" (pp.
92 à
109). Lettre
faisant suite à l'échange de correspondance précédent. Sully donne des détails
techniques sur les modifications apportées à ses horloges "A", "B" et "C" à la
suite de certains défauts qu'il a observé et qu'il décrit avec précision. Il y
joint un extrait du journal qu'a tenu Cassini lors d'une épreuve de son
horloge "B" qui eut lieu durant
8 jours en janvier
1724 à
l'Observatoire. On y trouve notamment le résultat du test effectué dans une
berline (voir plus haut). Sully termine en ne cachant pas son impatience à
effectuer un essai de ses horloges et de sa montre marine à bord d'un navire.
-
"Lettre de Monsieur Bernouilli. De Bâle ce
20. juin
1726.", signée
"J. Bernouilli" (pp.
109 à
112). Jugement de
Bernouilli à la description d'une nouvelle horloge que lui avait adressé
Sully. Il regrette que l'essai effectué dans la berline (voir plus haut) n'ait
pas été répété plusieurs fois car visiblement Bernouilli reste perplexe devant
le peu d'erreur de l'horloge observé lors de ce test et craint qu'il y ait un
heureux hazard. Il note d'autre part l'ingéniosité du système à rouleaux pour
diminuer les frottements du pivot de l'horloge de Sully dont le principe ne
lui parait pas nouveau mais dont l'application à une horloge est inédite.
-
"Reponse A la Lettre de Mr. Bernouilli. De Paris le
26. juin
1726.", signée
"Sully" (pp.
113 à
119). Sully donne
à son correspondant des détails complémentaires sur les essais effectués dans
la berline et explique le comportement théorique de sa machine lors ce test.
Concernant le système à rouleaux de son pivot, Sully avoue n'avoir jamais vu
trace dans les écrits d'un tel principe mais de toute façon, il n'en
revendique la paternité que pour l'application qu'il en a fait pour les
horloges.
-
"Notes Pour éclaircir quelques Passages de la Lettre
precedente" (pp.
120 à
126). Sully donne
des détails supplémentaires sur le fonctionnement de son horloge.
-
"Lettre De l'Auteur à Mr. de Chessaille. De Paris ce
20. juillet.
1726.", signée:
"Sully" (pp.
127 à
142). Sully
répond point par point à une lettre de Mr. de Chessaille au sujet de quelques
remarques sur le fonctionnement de son horloge. A la fin, Sully donne des
renseignements à son correspondant au sujet du prix Rouillé de Meslay.
-
"Lettre de Monsieur Navarre. De la Campagne près Bordeaux,
le
20. Septembre
1726." (pp.
143 à
158). L'auteur
reprend certains points évoqués par Graham, Bernouilli et Sully dont il avait
eu copie des lettres (pièces ci-dessus).
-
"Reponse De l'Auteur à Monsieur Navarre. De Bordeaux ce
22. Septembre
1726.", signée
"Sully" (pp.
159 à
167). Sully
répond à la lettre précédente. Il commente les idées de La Hire sur le ressort
à spiral.
-
"Dissertation Sur la Montre Marine" (pp.
168 à
185). C'est la
description d'une montre portative, à balancier et à ressort à spiral, dont
Sully suggère l'utilisation en mer quand la pendule à levier devient
inutilisable du fait des mouvements violents du navire pendant les périodes de
mauvais temps. Cette montre, insensible aux mouvements du navire, pourrait
servir à connaître les variations de la pendule et à les corriger.
-
"Dissertation Sur une Pendule Astronomique" (pp.
186 à
190). Il s'agit
d'une pendule faite à l'usage des observations astronomiques. Sully cite et
critique les travaux de Huyghens sur sa cycloïde. Il donne ensuite les
caractéristiques fondamentales que doit avoir une telle pendule.
-
"Description D'un Meriden Portatif Universel" (pp.
191 à
197). Sully
décrit ici un nouvel instrument de son invention destiné à "trouver le Midy
vray dans toutes les Latitudes, tirer une Ligne Meridienne, connoître en tous
lieux la Déclinaison de l'Aiguille Aimantée, trouver la hauteur du Pole du
lieu où l'on est; le tout par le Soleil...". Sully donne le mode d'emploi de
son instrument pour chacun de ses usages. Cet instrument est représenté sur la
planche
3.
-
"De la Lunette de Reflexion" (pp.
198 et
199). Sully
décrit brièvement les avantages de la lunette de Newton qu'"On a presenté au
Roy cette année la première qui en a été veuë en France".
-
"Dissertation sur les moyens de perfectionner les Cartes
Marines" (pp.
200 à
203). Sully
constate l'inexactitude des cartes marines de son époque et préconise, pour
les améliorer, de généraliser les observations destinées à déterminer les
positions géographiques des places côtières en utilisant "un quart de cercle,
un Meridien portatif universel, une Lunette de reflexion, une Pendule
astronomique & une Montre à secondes". Ces instruments devant être construits
sur des modèles identiques afin d'uniformiser les observations.
-
"Lettre Ecrite à Monsieur Sarrau, Secretaire de l'Academie
de Bordeaux, par Monsieur l'Abbé Bignon, Conseiller d'Etat, Bïbliothecaire du
Roy, & Président de l'Académie Royale des Sciences. De Paris le
12 juillet
1726", signée
"L'Abbé Bignon" (pp.
204 et
205). L'abbé
Bignon prie son correspondant de faciliter la tâche de Sully dans son
entreprise pour réaliser sur un navire de Bordeaux les essais de ses montres
et horloges en mer.
-
"Discours Prononcé devant Messieurs de l'Academie Royale
des Sciences de Bordeaux, Le
18. Aoust
1726." (pp.
206 et
207). Sully
présente son ouvrage à l'Académie de Bordeaux et invite les membres à être les
témoins de ses essais en mer.
-
"Extrait du Journal des Expériences faites par Monsieur
Sully, de ses Horloges de Mer, dans le Port de Bordeaux, attesté verbalement
par Messieurs les Commissaires de l'Académie Royale des Sciences de cette
Ville, & dont Monsieur l'Intendant de Bordeaux a envoyé Copie à Monseigneur le
Comte de Maurepas, Ministre & Secretaire d'Etat & des Commandemens de Sa
Majesté, & du Département de la Marine de France, ce
21. Septembre.
1726." (pp.
208 à
213). C'est le
journal chronologique des épreuves d'une horloge à levier et d'une montre
marine effectuées sur la Garone entre le
13 et le
17 août
1726.
-
"Lettre De Monsieur Le Roy, Commissaire de la Marine, De
Blaye, le premier Octobre
1726.", signée:
"Leroy". (pp.
214 et
215). Le Roy
averti Sully qu'il a transmis à Mr. Hocquart (Commissaire et contrôleur de la
marine à Rochefort) sa relation des épreuves de ses horloges et le félicite
pour ses travaux qui font avancer la science nautique.
-
"Reponse A la Lettre de Monsieur Le Roy. De Bordeaux ce
15. Octobre
1726.", signée:
"Sully". (pp.
216 à
219). Sully
remercie son correspondant puis donne son opinion sur l'observation des
éclipses des satellites de Jupiter et conclue en disant: "... Plus mes
Horloges seront justes, mieux on pourra se passer de ces observations...".
-
"Lettre De Monsieur Radoüay. A Radoüay le
9. Novembre
1726.", signée:
"De Radouay". (pp.
220 à
222). Radouay
(capitaine des vaisseaux du Roi) pense que les tests des horloges de Sully
effectués sur la Garone ne sont pas représentatifs car exécutés sur un trop
petit navire, soumis à des mouvements très accentués et regrette qu'ils
n'aient pas été faits sur le "Jason", vaisseau de
50 canons qu'il
commandait l'année précédente. Néanmoins, Radouay ne doute pas de l'intérêt de
la pendule et de la montre marine de Sully à qui il annonce qu'il est cité en
termes élogieux dans son livre "Remarques sur la Navigation" (qui sera publié
en
1727). Radouay
fut un précurseur du XVIIIe siècle dans l'utilisation des montres en mer. Ce
n'est pas qu'il ait fait grand'chose dans ce domaine, mais il fit tout ce
qu'on pouvait faire à son époque, et il eut la foi. Quant aux montres, il
écrivait en
1727: "il y a
longtemps que je pense qu'on peut, par le moyen des montres, éviter les trops
grandes erreurs en longitude dans les voyages au long-cours". Il se servit
d'ailleurs de ce moyen avec succès dans sa campagne de
1722 au Banc de
Terre-Neuve puisqu'il atterrit à Brest à son retour avec une étonnante
précision.
-
"Réponse A la Lettre de Mr. de Radouay. De Bordeaux le
17. Novembre
1726.", signée:
"Sully". (pp.
223 et
224). Sully
remercie Radouay pour ses compliments et tout en regrettant de n'avoir pas pu
faire les épreuves sur un gros navire, il se console en pensant qu'il les a
fait dans les pires conditions, que personne ne pourra lui reprocher cela et
que ses horloges ne peuvent fonctionner que dans de meilleures conditions, et
donc avec plus de succès encore à bord d'un gros vaisseau.
-
"Extrait Des Registres de l'Académie Royale des Belles
Lettres, Sciences & Arts, du
15. Decembre
1726." (pp.
225 à
232). C'est le
compte-rendu officiel de l'Académie des Sciences des épreuves faites des
horloges de Sully sur la Garone les
7 et
17 septembre
1726. Il fut
rédigé par les commissaires de l'Académie de Bordeaux: de Caupos et Sarrau.
Sans aucun commentaire, ce procès-verbal se contente de relater les faits et
de donner les valeurs des variations constatées entre les machines embarquées
et la pendule à seconde restée à terre pour comparaisons.
-
"Remarques Sur l'Extrait de l'Académie de Bordeaux, du
23. Decembre
1726." (p.
233). Sully
s'honore du rapport précédent de l'Académie de Bordeaux qui confirme par les
faits l'intérêt de son invention et de sa théorie sur le peu d'effet des
mouvements d'un navire sur son horloge.
-
"Remarques Sur les proprietez Physiques & Mécaniques de la
Pendule à Levier, & autres matieres, qui peuvent servir de supplément aux
réponses déjà faites par l'Auteur aux Lettres Critiques des Sçavans." (pp.
234 à
253). Sully
traite de la pesanteur, de l'accélération des corps tombants, de la dilatation
des métaux avec la température et de leurs effets sur son horloge et sa montre
marine.
-
"Eclaircissemens Sur ce qui regarde l'Invention de cette
Pendule à Levier & les jugemens qu'on en a porté." (pp.
254 à
269). Sully
évoque la question de l'invention du système destiné à diminuer les
frottements du balancier de son horloge en faisant porter l'axe de celui-ci
sur deux rouleaux. Cette découverte importante lui fut contestée (voir plus
haut la lettre de Bernouilli) et Sully défend ici avec véhémence sa propriété
de l'application des rouleaux à l'horlogerie sans contester le fait que ce
principe ait pu être utilisé par d'autres avant lui dans d'autres domaines.
-
"L'Impatience, Obstacle à la perfection des Arts." (pp.
270 à
277). En forme de
conclusion, Sully donne quelques considérations générales sur les inventions
et les difficultés inhérentes à leurs défauts inévitables et aux lenteurs de
leurs perfectionnements. Il termine par une apologie de l'horloge de son
invention car les épreuves faites sur la Garone ont prouvées que les
mouvements d'un navire n'ont aucune influence sur elle et il ne doute pas que
l'on arrivera à diminuer "à moins d'une minute par mois" la variation des
horloges par un perfectionnement de leur fabrication, ce qui amènera à la
"connaissance des longitudes sur mer, avec toute la justesse requise".
-
"Avertissement" (p.
278). C'est une
introduction à la pièce suivante. Sully déclare qu'il n'a eu connaissance du
texte de l'acte du parlement anglais de
1714,
récompensant les travaux sur la connaissance des longitudes, qu'en
1726. Il l'a
alors traduit et l'a publié une première fois en juin
1726 dans le
Mercure de France.
-
"Traduction de l'Acte de Parlement d'Angleterre Regardant
les Longitudes. De la douzième année de la Reine Anne
1713." (pp.
279 à
283). Traduction
de ce célèbre texte anglais "pour recompenser publiquement quiconque
découvrira les Longitudes en Mer".
-
"Plan d'un Traité d'Horlogerie, en six livres." (pp.
284 à
290). Sully parle
de son projet de publier un traité d'horlogerie en
6 livres.
Le premier sera une réédition de son ouvrage: "Regle Artificielle du tems"
(déjà publié en
1714 puis en
1717), le second
traitera de l'histoire, le troisième de la Description, le quatrième de la
Théorie, le cinquième de la Pratique de l'horlogerie et le sixième sera
composé de lettres et dissertations critiques. Sully développe ensuite le plan
de chaque ouvrage. On sait que Sully, mort en
1728, n'a hélas
pas eu le temps de réaliser ce projet.
Horloger anglais, Henry Sully vint s'établir à Paris, vers
1714, à l'âge de
34 ans. Il avait déjà acquis
une certaine réputation dans son pays puis avait séjourné en Hollande et ensuite
à Vienne. Il se fit remarquer dans cette ville par le Duc d'Aremberg qui devint
son protecteur et le détermina à l'accompagner en France.
Au début de
1718, le Gouvernement avait
décidé d'établir à Versailles une Manufacture d'Horlogerie. La direction en fut
confiée à Sully qui fit venir de Londres une soixantaine d'ouvriers. L'intrigue
vint à bout de l'entreprise qui ne dura que deux ans, elle avait eu au moins
l'avantage de procurer d'habiles ouvriers aux horlogers parisiens. Sully quant à
lui, resta en France et y poursuivit ses travaux sur l'horlogerie qui avaient
déjà donné lieu à la publication de quelques ouvrages. Ce fut à cette époque que
cet artiste s'occupa sérieusement de la réalisation de montres marines. Sully
mourut prématurément en
1728, à l'âge de
48 ans. « Son illustre
Pasteur, M. le Curé de S. Sulpice, ordonna son enterrement, où les pompes
funèbres furent amplement déployées: il le fit inhumer dans son église,
vis-à-vis les portes du sanctuaire du grand autel et peu à l'occident de la
méridienne même sur laquelle Sully traçait les degrés des signes quelques jours
avant sa mort » (Julien Le Roy, « Règle artificielle du temps », Paris,
1737).
(Réf: Jean Le Bot, « Les chronomètres de marine français au
XVIIIe siècle », Grenoble, Terre et Mer,
1983, in-4°).